Alain, la cinquantaine, est dans la dèche à sa sortie de prison. Il est contraint de retourner vivre en province chez sa mère avec laquelle les relations ont toujours été difficiles. Ce sont deux taiseux, deux handicapés de l’expression, deux solitudes que les circonstances obligent de nouveau à se confronter, à s’affronter. Les relations entre le fils et sa mère sont emprunts de non-dits, de pudeur maladive, de ressentiments, d’ambigüités, liés à la fois à leur milieu social modeste, à leur histoire familiale et à leurs personnalités propres.
En fouillant ses affaires, Alain découvre que sa mère est condamnée par la maladie et qu’elle suit une procédure suisse de suicide assisté. Si le regard d’Alain sur sa mère en est changé, il laisse peu transpercer ses émotions, si ce n’est à travers la violence de ses propos qui cache sa détresse sociale et son impuissance. Une impuissance à trouver le bonheur. Cette ultime épreuve, cette fin imminente, vont-t-elles permettre à ces deux êtres insatisfaits de se rapprocher ?
Les scènes qui concernent la démarche du suicide assisté donnent à réfléchir. Elles sont sans fards, tantôt crues et touchantes dans le dialogue (« - Madame Evrard, est-ce que vous pouvez nous dire si vous avez eux… une belle vie ? – Je ne sais pas, c’est ma vie – Oui, exactement, c’est votre vie, elle est unique »), tantôt froides et cliniques (les dernières scènes, dont on peut s’interroger sur la façon de filmer). Comme l’exige leurs personnages, Vincent Lindon et Hélène Vincent sont tout en retenue, en expression contenue, en bouillonnement intérieur.
GLR