C’est une petite fille éblouissante de 6 ans, aux prénoms improbables de Hushpuppy (qui pourrait se traduire par « boule de pain de maïs ») dans le film et Quvenzhané dans la vraie vie, qui porte ce film à la fois onirique et réaliste. Onirique car c’est à travers ses yeux d’enfants que défilent les images : une horde d’aurochs libérée par la fonte des glaciers (les bêtes du titre), une mère chasseuse d’alligator qui allumait le feu et faisait bouillir l’eau rien qu’en frôlant la gazinière. Réaliste car des habitants misérables et délaissés sont confrontés à la tempête qui ravage la Louisiane.
Hushpuppy vit avec un père alcoolique (Dwight Henry, également remarquable) au fin fond du bayou, dans un taudis où cohabitent chien, poules et cochons. La mère s’est enfuie et la petite fille n’accepte pas cette douloureuse absence. Elle va participer à la résistance de la petite communauté qui doit lutter d’abord contre les tourments ravageurs de la nature démontée, ensuite contre l’incurie des autorités avant tout préoccupées par la préservation des zones aisées, et dont l’aide essentiellement humanitaire et médicale est en décalage avec l’attente des rescapés. Dans cette communauté se côtoient indifféremment les blancs et les noirs, les communs dénominateurs étant l’amour de leur Bassin, l’osmose avec la nature, le dénuement et la solidarité.
Un film plein d’énergie, de magie et d’optimisme, envers et contre tous les obstacles de la vie.
GLR